Les scores de notation, avec le Nutri-score en tête de pont, se démocratisent. Si leur rôle est de nous guider vers une meilleure alimentation aujourd’hui, pourquoi ne s’appliqueraient-ils pas aux compléments alimentaires demain ? Alors, un score de notation des compléments alimentaires, c’est pour quand ?
Les compléments alimentaires ont trouvé leur place
Le marché des compléments alimentaires (ou nutraceutique) est particulièrement désirable, et cela se voit dans les chiffres : +6% en 2021 en France, pour atteindre 2,3 Mds€ de chiffre d’affaires[1]. Il faut dire que le rôle préventif de la nutrition pour notre santé est désormais clair : 1 décès sur 5 dans le monde est dû à une mauvaise alimentation[2]. Et la place des compléments alimentaires dans nos vies de plus en plus légitime : le Top 3 est à l’image des besoins du moment avec Vitalité-immunité en tête, suivi du segment Humeur-stress-sommeil, puis Digestion-Transit[3]. Résultat : 59% des Français ont consommé des compléments alimentaires durant les deux dernières années (contre 44% en 2020)[4].
La transition nutraceutique est en marche ! De l’aliment santé jusqu’aux nutricosmétiques en passant par les fournisseurs d’ingrédients et les DNVB, aujourd’hui la nutraceutique fait sa place dans les habitudes de consommation.
Qui dit densité de l’offre ne dit pas toujours qualité
À la recherche de naturalité et face à une offre de plus en plus dense, le choix d’un complément alimentaire peut s’avérer complexe. Les marques se diversifient et, bien que les pharmacies restent leaders du marché (avec près de 50% de PDM), la montée du e-commerce (+ 25%1) permet d’acheter des produits sans conseil direct de la part d’un expert. 35% des consommateurs ont acheté leurs compléments alimentaires sur un site internet l’année dernière[5]. Une évolution logique vers le digital avec l’émergence des DNVB. Ce développement se fait quasi exclusivement par la présence digitale (réseaux sociaux, marketing d’influence…). Ainsi, un nouveau visage du marché des compléments alimentaires et de leur distribution se façonne. S’y retrouver, notamment avec l’aide d’un score, devient nécessaire.
Apposer un « nutra-score » comme notation des compléments alimentaires ?
Si dans l’univers alimentaire, les notations sont nombreuses, c’est bien parce qu’il s’agit d’un marché de grande consommation, ayant le devoir de proposer l’offre la plus qualitative possible.
À l’inverse, les compléments alimentaires sont des denrées alimentaires qui viennent compléter l’alimentation. Ce ne sont pas des médicaments mais des précautions d’emploi sont à considérer.
Le marché, malgré ses dizaines d’années d’existence, n’a pas encore de notation valable. Et la question est de savoir si les systèmes existants pourraient s’appliquer aux compléments alimentaires :
- Yuka, qui évalue les aliments et les cosmétiques, ne note pas les médicaments ni les compléments alimentaires car leur composition est très spécifique.
- Le Nutri-score, porté par Santé Publique France, s’appuie aujourd’hui sur une évaluation scientifique des nutriments correspondant à un aliment : les fibres, le sel… Ce qui n’est pas applicable en l’état à un complément alimentaire.
Encadrer le marché
Les compléments alimentaires sont soumis à des normes de qualité élevées en matière de sécurité des produits et des informations données à l’échelle européenne. La France adopte également des dispositions spécifiques sur l’emploi de certains ingrédients. Cependant, ce degré d’exigence sanitaire sur le sol français n’est pas obligatoirement appliqué à l’étranger. De plus, les nouvelles marques qui se lancent uniquement dans le e-commerce prennent certaines libertés avant que les autorités règlementaires ne les examinent… Aussi, un système de score fournirait un garde-fou pour l’ensemble du marché.
De plus, le soutien du Synadiet et des autorités de santé sera nécessaire. Et une homogénéisation des notations devra être imposée.
En bref, toutes les problématiques rencontrées pour mettre en place le Nutri-Score se poseront à l’échelle de la nutraceutique. Un joli défi avec pas moins de 400 marques répertoriées par le Synadiet en 2017.
Définir les critères de notation
La liste des critères de notation pourrait être bien longue ! Mais les grandes tendances de consommation peuvent nous orienter. Voici quelques pistes :
- La naturalité fait sa place et doit trouver un moyen de mesure : présence d’additifs et d’excipients ? OGM ? Nombre d’actifs ?…
- L’origine française (ingrédients et fabrication), très plébiscitée.
- Une attention particulière devra évidemment se porter sur le sourcing des ingrédients et des principes actifs.
- Le choix du végétal ou du synthétique est également à faire entrer dans les calculs.
- S’ajoute à cela la composition vegan ou non des gélules par exemple.
Ensuite une vigilance sur les preuves scientifiques de chaque actif doit peser dans la notation. En effet, si les promesses se multiplient au profit de ce marché en pleine croissance, cela ne doit pas être au dépend de la véracité scientifique.
Le premier à s’essayer à la notation des compléments alimentaires est Nutrascan, qui repose son évaluation sur 3 critères : la présence et la nature des additifs, les conditions de fabrication (origine, bio…) et enfin l’impact environnemental.
Bilan : pour ou contre un score de la nutra ?
Une notation appropriée est nécessaire pour apporter de la structure et garantir un haut niveau d’exigence dans ce marché en fort développement.
D’ailleurs, il existe déjà un exemple de notation : BioCurae. Cette application référence les principes actifs en évaluant leur efficacité de A à E selon les preuves et les études référencées (A = des preuves, E = usage en médecine traditionnelle).
Une source d’inspiration pour un score universel ?
Un article Nutrikéo
[1] Le marché des compléments alimentaires en 2021. Synadiet
[2] Health effects of dietary risks in 195 countries, 1990–2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study, 2017.
[3] Part de marché des segments du complément alimentaire en France selon les données Synadiet.
[4] Baromètre 2022 de la consommation des compléments alimentaires en France. Synadiet, mars 2022.
[5] Harris Interactive, 2021. Rapport final : Nouvelles tendances