Lorsque l’on parle de nutrition, le « sans » fait rage depuis plusieurs années. Sans additifs, sans sucres, sans viande, sans OGM, sans pesticides, sans emballage… Il n’est plus seulement question de consommer « sans », il s’agit en pratique de vivre plus sobrement : moins de sucres, de sel, de matières grasses, moins d’additifs, moins d’emballage, plus d’ingrédients upcyclés…

La sobriété n’est plus un effet de mode, mais une tendance de fond en alimentation qui doit concerner tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire. Projetons-nous dès à présent au cœur des actions qu’il est urgent d’engager pour tendre vers cette finalité.

La sobriété nutritionnelle : moins c’est mieux !

Réduire la sobriété nutritionnelle aux changements de comportements des consommateurs serait une erreur. Plusieurs composantes peuvent être citées pour illustrer la métamorphose de notre société vers un monde plus sain, plus juste et plus durable, et donc, plus modéré.

Il s’agit de changements majeurs sur la composition des produits, sur le packaging, mais aussi plus largement sur notre manière de consommer et de produire. En fil rouge de toutes ces notions, on retrouve évidemment l’impact environnemental de notre consommation comme pilier essentiel de la sobriété.

La qualité nutritionnelle des produits, au cœur du combat pour une société plus sobre

L’impact de l’alimentation sur la santé est aujourd’hui au cœur des discussions. 81 % des Français estiment d’ailleurs qu’ils sont prêts à payer plus cher pour un produit beau et bon[1]. La composition des produits est devenue centrale pour les consommateurs et les industriels.

  • La chasse aux additifs :

83 % des Français veulent bien payer plus cher pour un produit avec moins d’additifs.1

Sous le feu des projecteurs, les additifs représentent un frein à l’achat, probablement lié aux applications comme Yuka.

Utiles pour le process, la conservation des aliments et attributs organoleptiques (27 catégories fonctionnelles), leur remplacement est envisageable pour certains d’entre eux, comme les colorants, mais le consommateur devra changer certaines habitudes.

Selon Jean Michel Lecerf de l’Institut Pasteur de Lille dans une interview pour LSA en 2020, « le consommateur doit comprendre que, sans additifs, les produits seront probablement moins bons d’un point de vue gustatif et avec une durée de vie plus courte ». En effet, les additifs jouent un rôle important dans l’obtention du produit final, même s’il est important de savoir que certains sont sujets à controverse.

Le consommateur n’est pas assez éduqué : 79 % des Français ne se sentent pas suffisamment informés sur le sujet.[1]

Les nitrites, classifiés cancérigènes probables par le CIRC, sont bien connus par les consommateurs pour donner leur couleur rose au jambon. Ces derniers prennent conscience de leur impact sur la santé recherchent des produits « sans nitrites ». Le secteur de la charcuterie l’a bien compris : 17 % des références de produits sont sans nitrites, avec une croissance de +40 % entre 2020 et 2021 [2].

Le secteur de la charcuterie est roi dans ce domaine. Par exemple, la gamme Fleury Michon sans nitrites est mise en avant par une campagne d’affichage nationale faisant la promotion du jambon sans nitrites.

Dernièrement, Intermarché a supprimé 140 additifs jugés controversés, avec un objectif de retirer deux nouveaux additifs d’ici 2025. Teisserre, marque bien connue pour ses sirops, utilise des alternatives aux colorants et aux édulcorants. Un travail de communication et d’éducation sur les additifs reste important pour les consommateurs. En effet, les additifs jouent un rôle dans l’obtention du produit fini. Ils ne sont pas tous mauvais, mais reste à savoir lesquels ont un impact négatif pour la santé, en intégrant la notion de quantité…

  • Le sel, un combat plus discret ?

Selon l’OMS, notre consommation de sel est deux fois supérieure aux recommandations. Les industriels ont donc tout intérêt à réduire le sel dans la composition, et les consommateurs à regarder la teneur en sel sur les étiquettes des produits.

Dans le domaine des céréales, le groupe Kellogg’s a également lancé des céréales Spécial K réduites en sel de 20 %. La problématique du sel bien présente dans le secteur de la charcuterie, Herta a pour objectif de diminuer le sel dans la composition de ses produits de 30 % d’ici 2025. En boulangerie, le sel est également un enjeu : un accord collectif a été signé en mars 2022 dans le but de respecter un seuil maximal de 1,5 g de sel pour 100 g de pain.

  • Le sucre, ennemi public n°1

Le consommateur est conscient que le sucre a des impacts sur la santé. Avec une attente très forte dans la catégorie des boissons, 55 % des consommateurs disent avoir réduit leur consommation de jus et de smoothies à cause de leur teneur en sucre, le facteur n°1 de choix de boissons étant la teneur réduite en sucres [3]. Cependant, un travail de sensibilisation reste important pour guider le consommateur à travers ses choix. Enlever le sucre d’un produit pour le remplacer par des ingrédients comme les édulcorants n’est pas forcément mieux. Ces additifs, qui donnent un pouvoir sucrant aux produits sans être caloriques, peuvent entraîner un risque plus accru de cancers, dans le cas de l’aspartame et l’acésulfame K.[4]

En février 2020, Carrefour a retiré plus de 430 tonnes de sucre d’une centaine de produits. Les industries agroalimentaires lancent également des produits moins sucrés. Kellogg’s a lancé en 2022 des céréales Spécial K Granola réduites en sucre de 30 % et Nutriscore A.

 

Les packagings, une composante majeure de la sobriété nutritionnelle

Chaque année, une centaine de millions de déchets plastiques se retrouve dans les océans[5], principalement à cause de l’industrie alimentaire.[6] La sobriété nutritionnelle passe alors également par le packaging des produits pour réduire l’impact environnemental. Des packagings plus durables sont proposés aux consommateurs :

  • Des packagings mangeables: Cupffee propose des tasses à café en biscuit 100 % comestible.
  • cupfeeDes packagings compostables: Herbaland utilise des packagings 100 % compostables pour ses gommes au vinaigre de cidre de pomme.

herbaland

  • Des packagings recyclables: Kit Kat met en avant la fabrication du packaging par la communication « I’m made with recycled plastic ».

kitkat

  • Des packagings réutilisables: Les Bio Frères propose des packagings en carton recyclé, avec un couvercle de liège naturel et une étiquette décollable pour pouvoir réutiliser les pots.

bio freres

  • Des packagings consignables: 88 % des Français souhaitaient la mise en place d’un système de consigne en 2019.6 Blédina a lancé en 2022 des pots consignables dans la région parisienne et à Brive-la-gaillarde, mis en avant par la communication « Je suis consigné, ramène-moi ! »

blédina

  • Du vrac :

Le chiffre d’affaires du vrac atteint les 1,3 milliards d’euros en France en 2020 avec une croissance annuelle de 8 %[7], même si le vrac a été ralenti par la crise de la Covid-19. De plus en plus de magasins sont équipés pour cette solution, avec une demande des consommateurs qui continue de croître.

La sensibilisation des consommateurs, au cœur de la démarche

Les systèmes de scores influencent le consommateur à travers ses choix, avec 64 % des Français qui s’informent en lisant l’emballage des produits.[8] Les scores incitent alors les industriels à veiller à la qualité nutritionnelle de leurs produits. Yuka, la classification NOVA pour informer sur l’ultra-transformation, le Nutriscore, le Planetscore,… : les scores sont nombreux.  Ils sont parfois critiqués, comme le Nutriscore basé sur une portion de 100 g, qui ne classe alors généralement pas bien les graisses, par exemple, pourtant essentiels à notre alimentation. C’est pourquoi les scores nécessitent un accompagnement pédagogique.

La pédagogie est très importante pour avoir toutes les clés en main pour comprendre ce qu’est une alimentation équilibrée et les ingrédients qui composent un produit. Le rôle des professionnels de santé devrait d’ailleurs prendre de l’ampleur.

Question subjacente : est-ce que les consommateurs seront prêts à accepter une offre plus restreinte ? Seront-ils prêts à modifier leurs habitudes alimentaires ?

 

[1] Creatests. Pour Arlès Agroalimentaire. « Perception des consommateurs français vis-à-vis des additifs alimentaires. » France. 2022

[2] LSA. Jambon et charcuterie : les chiffres de l’année 2021. 2022

[3] Food Navigator d’après Britvic, Tracking health and wellness : the latest consumer trends in softdrinks. 2022

[4] INSERM, La consommation d’édulcorants serait associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, 2022

[5] WWF. Le plastique ça n’emballe plus ? Rapport 2021

[6] Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 2021

[7] Réseau Vrac, Bilan du marché du vrac en 2020. 2021

[8] Opinion Way. Pour Alkemics : les Français et la transparence des produits alimentaires. France. 2019

 

nutrikeo logo

 

— Un article rédigé par NUTRIKEO —