Bonjour Julien Bourgeois, pouvez-vous vous présenter en quelques mots : qui êtes-vous, d’où venez-vous, que faites-vous ?
Je suis Julien Bourgeois, paysan bio, marié, 2 enfants.
Né à Auxerre en 1980 (Yonne), je suis installé depuis 2006 sur une ferme de polyculture-élevage dans cette zone, dans une petite région naturelle située entre la Loire et L’Yonne nommée la Puisaye.
J’exploite donc aujourd’hui une ferme de 170 ha conduite 100% en Agriculture Biologique, pour moitié en prairies naturelles et temporaires valorisées par mon troupeau de 50 vaches charolaises et le reste en céréales et diverses cultures, stockées à la ferme puis triées et commercialisées à la COCEBI, coopérative de céréales bio créée en 1983 au sein de laquelle je suis administrateur depuis 2008.
J’ai donc été mandaté pour représenter la COCEBI au sein du CA de Forébio depuis 2019, et viens d’en prendre la présidence à la suite de Mathieu Lancry (Norabio).
Hormis un peu de vente directe, mes animaux sont commercialisés dans la filière UNEBIO, également adhérente de Forébio.
Je suis également investi dans le réseau bio en participant à mon gab (GABY pour l’Yonne) depuis de nombreuses années et au groupement régional Bio en Bourgogne Franche Comté.
L’avenir semble s’éclaircir pour la bio. Comment le vivez-vous de votre côté ?
La situation de la consommation semble se stabiliser, voire redémarrer à la hausse, en premier lieu en fruits et légumes, ces signaux positifs sont bienvenus mais il faut rester prudent : si les ventes sont en hausse, c’est pour l’instant mesurable en valeur, mais pas suffisamment en volumes.
Les filières ont été très impactées par la brutale décroissance de la consommation alors que les opérateurs ont lourdement investi pour faire face au fort développement des années précédentes. Malheureusement ce contexte a conduit à une baisse de la production (arrêts, déconversions…) qui, combinée à une année de récoltes médiocres, nous laisse à peine entrevoir le bout du tunnel. Le marché risque d’être plus tendu avec certaines productions en pénurie en 2025. Il faudra davantage de temps pour revenir à une situation sereine et équilibrée.
De mon côté je reste optimiste quant à la progression de l’Agriculture Bio. Même si le contexte agricole est tendu et que les courants les plus intensifs semblent regagner du terrain, la Bio est la seule alternative pour une alimentation saine et une planète préservée. Nous œuvrons chaque jour en ce sens. Donc ne maîtrisons pas le rythme, mais ne perdons pas le cap !
Quels sont les projets de Forébio pour accompagner la filière ?
Forébio entretient des contacts entre différents acteurs de la filière, afin d’accompagner aux mieux les groupements dans leur structuration.
Si la fédération n’a pas encore les moyens d’apporter un ensemble de services, elle est en veille pour connaître les dispositifs qui peuvent aider à la sortie de crise et la structuration de nouvelles filières durables. Son expertise et sa vision globale du marché sont une force. Véhiculer les informations, aider dans les démarches comme par exemple dans le déploiement de Programmes Opérationnels, dispositif européen aujourd’hui accessible à de nouvelles filières (lait, céréales…). Elle poursuit ses actions de plaidoyer, auprès des élus, pouvoirs publics et acteurs de l’aval et de la distribution alimentaire. Plus que jamais il nous faut valoriser l’image de la Bio, communiquer sur notre vision commune. C’est dans ce but qu’elle adhère à la Maison de la Bio.
Qu’attendez-vous de la prochaine édition de Natexpo
en 2025 ?
Une bonne fréquentation, en hausse je l’espère, qui permette de rencontrer de nouveaux acteurs, et de saisir de nouvelles opportunités. Même si nous sortons d’une phase morose, les magasins doivent se développer, comme les nouveaux porteurs de projet. Les paysans doivent continuer de se regrouper, créer des projets coopératifs, mutualiser des moyens pour valoriser équitablement leurs productions. Un tel évènement permet à chacun d’y trouver son compte dans la convivialité. Heureuse édition 2025 !