Le marché du bio en France se caractérise par des dynamiques variées selon les canaux de distribution, à savoir la grande distribution (GMS), les magasins spécialisés bio (MSB), et les épiceries alternatives de proximité (EAP). Chacun de ces réseaux influence différemment la filière bio, créant un paysage contrasté.

Grande Distribution (GMS) : un acteur majeur en repli

La grande distribution, principal acteur de la vente de produits bio, continue de réduire son offre tout en maintenant ses marges. Cette stratégie, axée sur la rentabilité plutôt que sur le volume des ventes, a des répercussions directes sur l’ensemble de la filière bio. En effet, cette contraction affecte les producteurs et transformateurs qui dépendent fortement de ce canal de distribution. Cette situation rappelle les crises de 2002 et 2012, où des réajustements similaires avaient déstabilisé le secteur.
La poursuite de cette politique en 2024 devrait entraîner une évolution négative des résultats pour la GMS, marquant une année difficile pour le bio dans ce canal. Les conséquences à long terme pourraient inclure une perte de parts de marché au profit de canaux plus dynamiques et innovants.

 

Magasins Spécialisés Bio (MSB) : une reprise encourageante

En revanche, les magasins spécialisés bio montrent des signes de reprise, comparativement à un premier semestre 2023 en décroissance. Le second semestre 2024 sera crucial pour confirmer cette tendance positive. La croissance des MSB est principalement due à une offre améliorée en termes de rapport qualité/prix et à l’introduction de produits manufacturés à prix accessibles.
Depuis le deuxième trimestre 2023, le rayon fruits et légumes résiste bien, et même progresse, grâce à une perception favorable de produis sains et du prix. De plus, depuis le quatrième trimestre 2023, une demande croissante pour de nouveaux produits innovants se fait sentir, ce qui soutient le développement et le rajeunissement de l’assortiment des MSB. Cette dynamique devrait permettre une croissance de 3 à 5 % en 2024, portant le chiffre d’affaires à près de 4 milliards d’euros, un objectif longtemps espéré par les acteurs de la bio.

Épiceries Alternatives de Proximité (EAP) : un rôle croissant

Les EAP, malgré leur diversité en termes de surface de vente (de 20 à 200 m²) et de chiffre d’affaires moyen (295 800 euros), jouent un rôle dans la distribution de produits bio. Hors de la principale enseigne de ce canal, qui propose une gamme bio plus restreinte, l’offre bio représente 85 à 90 % de l’alimentaire. Pour 2024, le marché des EAP est estimé à 249 millions d’euros.

Ces épiceries contribuent à façonner une image sympathique, écologique et pas trop chère du bio, notamment grâce à leur offre en vrac. Leur diversité et leur ancrage local en font un vecteur important de démocratisation des produits bio.

Conclusion

Le marché du bio en 2024 sera marqué par une domination décroissante de la GMS, une consolidation des MSB, et une affirmation des EAP dans leur engagement pour la distribution de produits issus de l’agriculture biologique. Tandis que la grande distribution pourrait perdre des parts de marché, les magasins spécialisés bio et les épiceries alternatives de proximité continueront de renforcer leurs positions grâce à des offres de qualité et des prix compétitifs. Cette diversification des canaux de distribution favorise la résilience et la croissance durable du secteur bio en France.