Comme de nombreux secteurs, le secteur alimentaire est particulièrement fragilisé par le contexte actuel. Les crises s’enchaînent et se superposent entrainant des conséquences sur nos productions, nos approvisionnements et nos habitudes de consommation.

La transition dont on agite le drapeau depuis une dizaine d’années devient aujourd’hui une urgence face aux enjeux environnementaux.

Le secteur bio n’est pas épargné par le chaos des marchés et pas non plus par les problèmes d’approvisionnement… et pourtant l’agriculture biologique fait partie de la solution.

fruits bio

Face aux constats… l’espoir

Le constat est alarmant quelques soient les filières. Augmentation des coûts de production à tous les étages, liée à la crise énergétique, retard des containers et manque de matières premières, pénurie d’emballages, de composants pour les machines, spectre de mauvaises récoltes à venir… Aucun acteur ne peut prétendre avoir une quelconque visibilité sur les mois à venir. Tous les voyants sont au rouge, et l’alimentation, tout comme les autres ressources de base, va devenir précieuse.

Les leviers de la transition développés et portés par de plus en plus d’acteurs prennent tous leurs sens, encore plus aujourd’hui. Relocalisation, solutions contre le gaspillage, produits sans emballage, engagement social et environnemental… sont des lueurs d’espoirs.  

Natexpo en est le reflet depuis plus de 60 années, les acteurs de la bio s’engagent dans une alimentation et une consommation plus durable.

Les pratiques prônées par l’agriculture biologique, qui a amorcé le virage de la transition agricole et alimentaire il y a 50 ans, répondent aujourd’hui aux enjeux de sauvegarde de l’environnement face à l’urgence climatique. Elle est la seule voie alternative encadrée par un règlement strict qui apporte des garanties de qualité pour la santé et pour la planète aux consommateurs.

Au-delà des principes fondamentaux, l’engagement des acteurs est de plus en plus fort et sur tous les fronts.

acteur bio

Relocalisation pour tous les territoires

Bien sûr, la « relocalisation » est sur toutes les lèvres. Ces dernières années, plusieurs filières originales ont émergé en France, comme le quinoa ou le chia (voir la filière d’Agrofün ou celle partenaire de Worlée France), comme la baie de goji ou l’argousier… Des essais sont menés pour le thé ou la vanille. On relocalise également la transformation, à l’instar du redéploiement de la production de sucre de betterave bio dans le nord de la France, ou de l’usine de surgélation de proximité pour les légumes bio de FRDP.

Il est bien entendu question maintenant, à l’aune de la guerre en Ukraine, de relocaliser les grandes cultures au maximum, notamment de tournesol ou de colza.

Mais cette relocalisation nationale, voire Européenne aura vite ses limites en termes de surfaces cultivables et de manque d’agriculteurs.

Au-delà de nos territoires, la relocalisation s’exerce également avec sens. Avec notamment de nombreux exemples d’installation de sites de transformation à proximité des zones de récolte, qui permettent de conserver au maximum la valeur localement. Citons des exemples dans les filières de la noix de cajou au Burkina Faso, d’huileries en Éthiopie, telle que celle de Tradin Organic ou des fruits tropicaux en Amazonie (cf. l’investissement de RDV Products pour la coopérative Agrifrut. Le commerce équitable est bien entendu un outil fort pour accompagner ses projets.

Intégrer la RSE et la biodiversité

Celui-ci accompagne également souvent les projets liés à l’amélioration ou à la préservation de l’environnement. Il est étroitement lié par exemple aux projets d’agroforesterie dans lesquels s’investissent les chocolatiers bio, tels que Kaoka.

Il est également encourageant de constater que les acteurs s’emparent des outils RSE pour sans cesse remettre en cause et améliorer leurs pratiques – outils qui eux-mêmes se veulent de plus en plus exigeants. Le label RSE BioED, développé par le Synabio, s’accompagne par exemple maintenant de Guide de bonnes pratiques pour la biodiversité, que ce soit pour nos filières locales ou les filières importées.

Les entreprises les plus avancées intègrent déjà ses pratiques sur leurs sites et/ou dans leurs filières agricoles, à l’exemple d’Adatris, qui est aussi à l’initiative, avec d’autres, d’un indicateur BiodiScore. On mesure aujourd’hui l’impact de l’agriculture biologique sur la biodiversité.

biodiversité

Valoriser tous les gaspillages

Enfin, on ne compte plus les initiatives de lutte contre le gaspillage et de valorisation de co-produits[1], qui relèvent en cela deux défis : l’identification et la récupération des viviers de co-produits et d’écarts de tris, et la recherche de débouchés à haute valeur ajoutée pur ceux-ci. Le secteur des ingrédients était déjà bien structuré pour la récupération de ses co-produits, il étend désormais son expertise auprès des agriculteurs et des coopératives, qui regroupent des volumes de perte souvent hallucinants. Rouages a par exemple initié il y a quelques mois un partenariat avec une coopérative corse afin d’utiliser les coproduits de la fabrication de jus d’agrumes pour le développement de sa gamme d’infusions intenses aromatisantes.

La bio résiliente par la qualité

Par notre métier à l’interface entre production et transformation, nous apprécions l’engagement 360° des acteurs de la bio et leur recherche perpétuelle de solutions pour aller toujours plus loin dans la proposition d’ingrédients sains et durables pour tous, en explorant tous les leviers que sont le commerce équitable, la biodiversité, l’anti-gaspillage, le bien-être animal, la préservation des forêts… Malgré les difficultés et le fait que la bio ne résiste pas à tous les maux, un mot ressort cependant unanimement des échanges : la qualité.

Nous devons tous avoir conscience que les années à venir ne seront faites que de challenges à relever. L’agriculture biologique répond déjà à la préservation de la Qualité… de nos produits, de notre santé, de notre environnement, de nos échanges, de nos vies.

Auteur : Gaëlle FREMONT, Fondatrice d’Ingrébio

Ingrébio

 

[1] Les coproduits, solution innovante pour répondre aux enjeux nutritionnels et écologiques, Natexbio, 24/03/2022