Les scientifiques et écologistes sont unanimes. De façon évidente, la réduction de notre consommation de produits animaux apparaît comme l’un des leviers majeurs pour une alimentation durable et pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais y a-t-il un seul et unique régime planétaire durable ? Quelles seront les sources alimentaires de demain pour pouvoir nourrir correctement 9 milliards d’êtres humains en 2050 sans détruire la planète ? Et surtout, une alimentation durable peut-elle être accessible à tous ?

 

Pourquoi faut-il diminuer sa consommation de produits animaux ?

 

Un impact environnemental négatif

Alimentation durable : Empreinte environnementale des grandes catégories d'aliments

Sur les plus de 13 milliards de tonnes d’équivalent CO2 émis par la chaîne alimentaire dans le monde, le bétail et la pêche en représentent un tiers[1].

Sans mesure d’atténuation majeure, l’impact de notre consommation de produits animaux sur l’environnement sera de plus en plus lourd d’ici 2050[2].

En plus de contribuer massivement aux émissions de gaz à effet de serre, l’élevage qui est responsable de 63 % de la déforestation en Amazonie, participe aussi à l’épuisement et à la pollution des ressources hydriques.

 

 

La santé en danger

Au-delà de ses impacts négatifs sur l’environnement, la surconsommation de viande, en particulier de viande rouge, tend à augmenter le risque de certaines maladies : cancer du côlon, maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète de type 2. Mais ces risques pour la santé humaine proviennent aussi des épizooties (ESB, grippe aviaire…), nos systèmes modernes d’élevage étant de véritables incubateurs à divers pathogènes.

 

Une question de sécurité alimentaire

Autre impact insoupçonné de la surconsommation de viande : la faim. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la production de viande a un impact négatif sur la sécurité alimentaire des humains les plus pauvres de la planète. En effet, 2/3 des terres agricoles sont consacrées à l’élevage ou à la production d’aliments pour le bétail. Or, il faut beaucoup plus de terres agricoles pour produire de la viande que pour produire directement des céréales destinées à l’alimentation humaine en Occident : il faut par exemple 7 kg de protéines végétales pour produire 1 kg de protéines bovines, 6 kg pour les protéines porcines et aviaires, 3 kg pour les ovo protéines. Certes, une partie de ces protéines végétales est impropre à la consommation humaine (fourrage et pâturage), mais certaines céréales comme le soja sont des denrées très nutritives, directement consommables par les humains.

 

Une alimentation durable peut-elle être planétaire ?

 

Des centaines de cultures alimentaires, plusieurs régimes durables

Des chercheurs américains ont comparé l’impact de 9 régimes alimentaires classés selon leur degré de « végétalisation » sur le climat. Cette étude a permis d’appréhender quel serait le régime à plus faible impact carbone dans chaque pays en fonction de ses spécificités nutritionnelles et culturelles. La conclusion de l’étude est :

  • d‘une part que l’on peut avoir une faible empreinte environnementale tout en ayant un régime sain,
  • d’autre part qu’il n’y a pas de régime universel, chaque pays devant en tirer les conclusions adaptées à ses besoins et à sa culture alimentaire.

 

Deux menus semblent toutefois ressortir du lot :

  • Le régime végétalien, c’est-à-dire sans viande, poisson ni produit laitier, est inévitablement celui qui pollue le moins.
  • Le menu intégrant les animaux provenant du bas de la chaîne alimentaire, c’est-à-dire les insectes, les petits poissons et mollusques. Il présente une plus grande flexibilité et des apports en protéines adaptés aux besoins des populations les plus fragiles, notamment dans les pays connaissant des problèmes de malnutrition. Avec des bénéfices environnementaux comparables.

 

Suivent ensuite dans l’ordre les régimes :

  • 2/3 végétalien (1 repas sur 3)
  • Lacto-ovo végétarien (avec œufs et produits laitiers)
  • Pescetarien (poissons comme seule protéine animale)
  • Sans viande rouge
  • Sans produit laitier
  • Faible en viande rouge
  • Avec 1 jour sans viande par semaine

 

Sur les 9 régimes étudiés, les 7 premiers feraient diminuer l’empreinte carbone et hydrique mondiale, si les 140 pays les adoptaient. Tandis que les deux derniers les feraient augmenter.

 

Un régime « idéal » élitiste ?

Alimentation durable : empreinte carbone pour une famille de 4 personne par emaine

A l’échelle de la France, WWF avait soulevé dans son rapport « Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable » que l’assiette flexitarienne, si elle s’inscrit bien dans la transition agricole et alimentaire, reste une proposition de régime alimentaire durable qui ne peut être adoptée par tout le monde. En effet les habitudes alimentaires, propres à chacun, dépendent de divers paramètres : socio-économiques, culturels, modes de vie, âge, sexe…

Pour autant, la conclusion théorique est très encourageante. Le coût financier d’une alimentation durable diminue avec son impact carbone, tandis que la qualité nutritionnelle augmente. Cela peut sembler évident quand on connaît le prix de la viande, mais moins quand on connaît celui d’un aliment ultra-transformé (souvent peu cher) par rapport à celui de la somme des ingrédients qui le composent…

 

WWF soulève toutefois à très juste titre que les paniers flexitariens, végétariens et végétaliens, de par leur moindre coût versus un panier classique, permettent d’augmenter la part des produits labellisés de respectivement 49 % pour le régime flexitarien et 66 % pour les deux autres.

Parce que manger durable, ce n’est pas seulement manger moins de viande. C’est aussi privilégier les produits locaux, bio, de saison, labellisés

Cela implique aussi de cuisiner davantage. Tout cela demande non seulement du temps, mais aussi un certain niveau d’éducation pour savoir où et comment choisir ses produits, et de la volonté.

 

Malgré ces calculs et recommandations très justes, le travail de sensibilisation des populations est encore vaste, car la durabilité de nos assiettes n’est malheureusement pas la première préoccupation de tous. En effet, quand une famille à bas revenus ne peut s’offrir de la viande, considérée culturellement comme un aliment nutritif et plaisir important, on comprend pourquoi la supprimer partiellement des menus en cantines scolaires peut faire débat. Question de priorité, d’éducation, de temps… A méditer !

 

 

[1] Poore, J., & Nemecek, T. (2018). Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science, 360(6392), 987-992.
[2] Springmann et al. Options for keeping the food system within environmental limits. Nature. 2018

 

Contenu rédigé par notre partenaire Culture Nutrition