Alors que la demande explose, il faudra encore compter sur l’importation pour résoudre l’équation des approvisionnements bio… alors comment sécuriser son sourcing bio en France ou à l’étranger ?

« 2/3 des produits bio consommés en France sont d’origine française » annonçaient les derniers chiffres de l’Agence Bio. « Bio + local : c’est le duo gagnant » concluait l’un des derniers événements professionnels de la bio (BIO N’Days).

L’origine France attire, rassure, et a de quoi en effet faire exploser la surface agricole utile française en agriculture biologique. Si sur le papier ces équations enthousiasment, elles ne sont pas si simples à mettre en œuvre sur le terrain. Le secteur bio se confronte depuis quelques années à des enjeux de changement d’échelle forts, liés à la croissance du marché bio certes, mais aussi à cette tendance à la relocalisation massive.

Par ailleurs, l’importation de matières premières biologiques reste une nécessité pour de nombreuses filières – et pas seulement pour les produits exotiques.

Alors comment faire en sorte que la qualité (des produits et des échanges) et les principes fondamentaux de la Bio restent la priorité lors de la structuration des filières, que ce soit au niveau national ou international ?

Cette question sera à la base de plusieurs conférences du Forum des Ingrédients Biologiques sur Natexpo 2021.

 

Aller plus loin dans la relocalisation des filières

La crise actuelle liée à la substance Oxyde d’éthylène (ETO) contaminant de nombreuses matières premières (conventionnelles et bio) importées en Europe, va sans nul doute attiser encore le besoin de relocalisation de filières biologiques en France.

Cependant, n’oublions pas que l’agriculture française peine à diminuer ses consommations de pesticides et que régulièrement des lots de culture biologique française sont détruits pour cause de contaminations fortuites[1].

De plus, face à ce changement d’échelle du marché biologique, de nombreuses questions se posent liées à l’augmentation des volumes demandés, à l’adaptation des pratiques et des installations, au respect des hommes et des animaux… C’est pour accompagner cette transition que le Synabio propose de co-construire une charte des filières biologiques accompagnée d’un guide de bonnes pratiques pour leur structuration. Leur intervention le 26 octobre sera l’occasion d’échanges pour consolider ce projet.

Par ailleurs, nous constatons que le développement de nouvelles filières en France, ne s’accompagne pas systématiquement d’études sur leur valorisation nutritionnelle. La tendance toujours marquée des « super-aliments » va souvent chercher des ingrédients « exotiques », alors que tout le potentiel de certaines de nos ressources est méconnu. C’est ce que tend à démontrer l’équipe de Nutrifizz qui soutient la relocalisation de filières ou les projets d’upcycling, en proposant de s’appuyer en plus sur l’analyse de leur valeur nutritionnelle ajoutée.

 

 

S’appuyer sur des filières d’importation sécurisées

Comme la France n’apporte pas forcément toutes les garanties en termes de contamination, reste un marché « plus cher », et manquera de toutes façons encore de volume en bio, le recours à l’importation est inéluctable. Malheureusement, sa perception par les consommateurs est de plus en plus négative et encore ternie par la crise ETO actuelle.

Pourtant, il existe de nombreux exemples de filières d’importations qualitatives voire vertueuses… « C’est ce que nous voulons démontrer lors de ce Forum des Ingrédients Bio », explique Gaëlle Frémont, directrice d’Ingrébio. Les outils de digitalisation vont dans le sens d’une plus grande traçabilité des supply chains mais ne remplaceront pas la relation humaine. On mesure son importance notamment dans les programmes de commerce équitable (qui se développe d’ailleurs largement en France…). Comme nous le verrons avec le soutien d’IFOAM Organics Europe, la réglementation européenne va également évoluer pour plus d’exigences envers les pays tiers, ce qui ne sera pas sans conséquence pour les petits producteurs.

Plusieurs experts de terrain ont été invités pour présenter leur travail de structuration et de consolidation de ces filières en pays tiers mais aussi en Europe. Grâce aux interventions de Biopartenaire, d’AVSF et des témoignages d’entreprises engagées, nous voyagerons dans l’hémisphère Sud et découvrirons les programmes qui peuvent accompagner cette structuration. De son côté, c’est en Espagne que nous emmènera Alexandra Farnos, experte des filières Fruits et Légumes biologiques depuis plus de 20 ans, pour nous montrer comment les producteurs, là-bas aussi, travaillent à aller au-delà du règlement bio sur les enjeux environnementaux.

 

Cette année encore le Forum des Ingrédients Bio, au cœur du Pôle Ingrédients et Matières Premières, aura pour ambition de couvrir les thématiques d’actualités et d’enjeux pour la formulation et la transformation de produits biologiques, et en particulier celui de l’approvisionnement. Rendez-vous les 24, 25 et 26 octobre sur Natexpo !

 

[1] Pesticides : les contaminations subies génèrent des pertes énormes pour les producteurs bio, INGREBIO, 25/06/2021

 

 

Article rédigé par Ingrébio