Directeur-Gérant de l’entreprise Café Michel “Je décide de lancer une gamme de produits équitables en travaillant avec des coopératives”

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Café Michel fête ses 30 ans. Des premiers échantillons torréfiés le samedi « en plus du boulot », à la dizaine d’origines proposées aujourd’hui, il s’en est passé bien des voyages entre le Bassin d’Arcachon et Haïti. Derrière ce prénom, il y a un nom, Gélis, et une réussite, celle d’un homme qui a fait germer son idée.  

 
Etes-vous grand amateur de café ?

M.G: J’aime le bon café et la qualité a toujours été ma priorité. Mais je ne suis pas un inconditionnel. J’avais des collègues qui ne pouvaient démarrer leurs journées sans commencer par un petit noir au zinc. Ce n’était pas mon cas.

Comment êtes-vous arrivé sur ce marché ?

M.G: J’étais visiteur médical pour un laboratoire de produits homéopathiques lorsque j’ai rencontré un ancien collègue qui venait de quitter l’un des plus grands noms de la cosmétologie pour rejoindre une grande marque de café. C’est le déclic : je me dis qu’il y a surement quelque chose à faire avec le café auprès des bars et restaurants. En me renseignant ici et là, je découvre une petite torréfaction dans la région bordelaise qui va m’aider à obtenir de l’aide sur le métier de torréfacteur. Je suis convaincu que l’idée de produire localement va séduire les restaurateurs de la région.

Donc vous décidez de créer votre entreprise ?

M.G: Pas tout de suite. Je continue à visiter les médecins et les pharmaciens la semaine. Le week-end, je pars sur le Bassin d’Arcachon avec des échantillons. En 1981, le mois d’avril comporte 5 samedis. Une aubaine ! C’est un samedi de plus à consacrer à mes prospections. Et c’est celui qui me décidera à donner ma démission.

Avril 81 : Café Michel est donc lancé …

M.G: Oui ! Mais les  premières années ne sont pas évidentes. Les cafetiers ont déjà leurs fournisseurs avec leurs prestations. Il faut les convaincre. C’est vraiment la 3ème année qui marquera le démarrage de l’entreprise. Nos clients sont concentrés en Gironde et dans les Landes. Après quelques années, je commence à démarcher les grandes surfaces qui adhèrent vite à notre marque, convaincues que c’est mieux de vendre des produits d’un torréfacteur local. Je décide de vendre ma clientèle des bars et restaurants pour me consacrer à la grande distribution.

Pourquoi vous êtes-vous converti au bio ?

M.G: J’avais la fibre bio c’est sûr. En 1993, lors d’un voyage à Haïti, je rencontre des petits producteurs locaux et je découvre en même temps la réalité du commerce équitable. Dès mon retour je décide de lancer une gamme de produits équitables en travaillant avec des coopératives. Mais je tiens aussi à respecter la nature, je veux des produits biologiques. Aujourd’hui plus de 98% de mes produits sont issus de l’agriculture biologique. En 1996, après avoir vendu mes cafés bios en grandes surfaces, je décide d’abandonner la grande distribution pour me consacrer au réseau des boutiques bios spécialisées. Relais Vert, distributeur du sud de la France est mon premier client. J’élargis la gamme avec des thés, infusions, sucres, confitures et chocolats.

Pourquoi décidez-vous alors de vendre votre entreprise 10 ans après ?

M.G: Avec mon épouse, nous avions réussi à faire germer cette idée que j’avais eue dans les années 80 et il nous semblait opportun de vendre notre affaire. Nous la vendons à l’un des pionniers du commerce équitable en France mais je reste néanmoins à la direction. Au bout de 4 ans, mon nouveau propriétaire connaît quelques problèmes. Je rachète alors « mon » entreprise après l’avoir vendue ! Comme quoi ! Dans un souci de partage et de démocratie, je décide de monter une Société Coopérative de Production (Scop) avec 4 associés salariés.

Vous auriez pu donc ne pas souffler cette 30ème bougie ! Mais vous l’avez fait, avec bonheur. Que peut-on vous souhaiter ?

M.G: Que nos projets en cours et à venir se réalisent : le projet avec le « café de las Mujeres », né de notre partenariat avec l’association ACODIHUE qui soutient les femmes isolées du Guatemala dans la région de Huehuetenango. J’ai rencontré les petites productrices de ce café lors d’un voyage au Guatémala et la qualité de leur travail dans les plantations m’a convaincu de l’opportunité de travailler avec elles.
C’est pour nous une aventure unique auquel je tiens. Il y a aussi le projet lancé depuis deux ans avec Biocoop et la vente en vrac de 6 origines, un vrai pari que nous sommes en train de remporter. C’est enfin notre projet de développement commercial. Mais là il est encore un peu tôt pour en parler.